OKéANOS

Episode 26

PACO - IRIS

OKéANOS

6. Manipulations.

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IMAGES

BANDE-SON

Tôt ce matin-là, PACO sentit lui revenir cette particulière intensité en regardant la ville s’éveiller, comme si, debout sur le balcon, un verre de jus d’orange dans sa main, il émergeait seulement du sommeil. La couleur du jus de fruit s’agrémentait des reflets roses et saumons de l’aube, et chargeait l’instant d’un merveilleux respect. Intensité ; c’était le mot qui lui venait à l’esprit. Puis un autre : élu, que ses instances psychopolitiques refoulèrent au seuil de sa conscience. PACO se faisait bien trop de soucis pour se laisser aller au moindre mysticisme.

Car d’une part, ses petites économies en étaient à leur phase d’extinction totale, et les associations alliées qui l’employaient dans ces cas-là faisaient mine de ne pouvoir embaucher quiconque. Frappé d’ostracisme par ses camarades de la Cause Révolutionnariste, PACO ne devait plus compter que sur ses propres ressources, minimes une fois dégagées des réseaux de soutien qu’il avait aidé à élaborer par le passé. Ses appels et ses déplacements se concluaient tous par une invariable vacuité. Les temps allaient être durs s’il restait ici…

PACO pensait d’autre part à IRIS, et au défi permanent que représentait la vie quotidienne avec elle. Elle n’était pourtant ni envahissante, ni exigeante. A vrai dire pour PACO, elle était même la plupart du temps quasi inexistante, se contentant de lire le journal ou de visionner les infos sur murécran, voire d’écrire parfois sur des feuilles qui restaient introuvables ensuite... Ce n’était cependant pas là le problème. Car, et il ignorait si l’amnésie d’IRIS y était pour quelque chose, il était devenu difficile à PACO de se rappeler certains détails ; ce qu’il avait mangé la veille, ce qu’il avait appris aux infos, les gens qu’il avait vus, ceux à qui il lui restait à annoncer son retour d’AFRIKA… Tout cela semblait baigner dans une nébuleuse d’impressions vagues, une sorte de rêve en gris. PACO n’était pas familier des mécanismes psychologiques. L’amnésie pouvait donc elle être contagieuse ? N’était-ce pas là plutôt les signes avant-coureurs d’une dépression prochaine ?

En y réfléchissant mieux, il lui semblait que l’ensemble de sa vie à lui était devenu comme un brouillard depuis qu’il avait amené IRIS de TANGER. Mais pourtant, ces nimbes étaient ça et là percées d’éclaircies intenses et impromptues ; certains moments comme ce matin au balcon, ou encore ces instants vécus avec elle, fulguraient de cette toute particulière intensité qui les gravait dans sa mémoire. La récente crise d’IRIS et sa conviction d’être née sur l’île de BETELA, son regard effaré devant le murécran, son innocente altercation avec les BIGELOW à l’Association Mondiale Ecologique, ses cauchemars dans l’avion qui les ramenait de TANGER, ses yeux pleins de terreur quand elle fut frappée d’amnésie… Tous ces moments, il aurait pu en faire et refaire le récit détaillé, tous avaient en commun cette remarquable intensité qui laissait sur l’instant à PACO l’impression d’être au centre du tourbillon de l’Histoire. Comme une voix qui murmurait : Oui, c’est le moment…

L’aube achevait son flamboiement. PACO accueillit ce renouveau de lucidité émerveillée du même trait qui vida son verre. L’acidité même du fruit avait quelque chose d’excitant, de tentant, de détaillé. Dans un indicible élan de vie, l’aube parut à PACO comme l’instant idéal pour résoudre ses soucis. Il pensait à IRIS et aux décisions qu’il devait prendre d’urgence s’il ne voulait pas sombrer à son tour dans la morne apathie d’un quotidien dépressif et sans histoire.

Il y avait tout d’abord l’énigme IRIS, son identité, son passé, son rôle, et surtout sa nature. Il ne s’expliquait toujours pas les phénomènes dont elle avait fait démonstration. Sa capacité à deviner les pensées poétiques des BIGELOW par exemple, cela devait-il prouver qu’ils étaient sur écoute ? Comment une amnésique pouvait connaître d’aussi impossibles détails ? Et les affirmations de TEUTEUCH, comme quoi IRIS n’avait pas un code génétique humain, cela n’évoquait-il pas plutôt un prétexte absurde de la Cause pour éloigner PACO d’autre chose ? Ce pouvait être l’explication la plus rationnelle. Mais PACO restait toutefois troublé par ce que lui soufflait sa propre intuition : IRIS vit dans un temps à rebours. Elle est amnésique car pour elle, le passé est un futur. Elle devine certains détails car pour elle, l’avenir est un souvenir. A nouveau, les réflexes dynamiques de son éducation politique ne lui permirent pas de s’en tenir au cancer de la superstition. La peur et l’ignorance sont les armes favorites de l’adversaire. Là où elles sévissent, il y a manipulation. TEUTEUCH a sans doute raison de voir un Cheval de Troie en IRIS. Reste à déterminer si oui ou non elle est des nôtres, si elle est une victime ou une comploteuse. Je ne peux pas me résoudre à l’abandonner tant que le doute existe. Mais je ne peux faire courir le moindre risque à la Cause. Sans doute observe-t-elle mes contacts. Je dois en griller le moins possible… Mais si elle souffre réellement, je dois aussi tout faire pour l’aider. Si j’utilise les contacts en milieu psychiatrique que m’a fourni TEUTEUCH, elle pourrait en informer ses maîtres potentiels. Il me faut donc suivre une filière tout à fait banale, au risque de dévoiler sa fausse identité. Mais où est la vraie ?

Lorsqu’il regagna le salon, PACO sursauta en trouvant IRIS levée, face à lui, l’air parfaitement réveillé et beaucoup plus affirmé qu’auparavant. Elle semblait en pleine possession de ses moyens. Elle avait enfilé une des chemises larges de PACO, beige claire, qui flamboyait d’or vif sous les premiers rayons d’un soleil décidé. Ses yeux étaient toujours aussi dilatés, et brillaient dans la lumière d’une lueur phosphorescente et lunaire. PACO resta figé plusieurs secondes son verre à la main, avant de lui demander l’inévitable couplet Bien dormi ? Mais le Je suis IRIS et tu t’appelles PACO qui devait constituer son refrain fut remplacé par l’air brillamment intelligent d’IRIS et par trois mots qu’elle prononça d’une voix douce et irrésistiblement autoritaire : « Où sommes-nous ? »

PACO crut un temps que tout était à recommencer. Que c’était là l’éventuel piège fait à l’un des plus éminent penseur de la Cause, un supplice de Sisyphe. Si IRIS ne se rappelait plus rien des derniers jours, le trouble devait être beaucoup plus grave qu’on ne l’eut cru. Mais PACO prit alors en considération le bémol déjà placé à la clé de la situation. Elle a un drôle d’air, pas celui effaré que je lui ai toujours connu… PACO allait lui répondre sans s’affoler quand elle poursuivit :

« Je me suis assurée que je ne suis pas branchée. J’ignore où nous sommes et ce que je fais là. Nous ne sommes plus sur OKéANOS, cela me semble certain. Quand à vous, il me semble que vous êtes celui qui m’a accompagné au début de ma formation, je me trompe ? Nous sommes chez vous ? Ou bien vous-même n’avez aucune idée de ce que nous faisons là ? »

Elle en était presque insolente. Toujours cette impression qu’elle est capable de lire dans les pensées… PACO ne sut quoi répondre. Il leva les mains d’un geste qui pouvait tout vouloir dire, et s’assit dans le sofa.

Il y avait jeu. Cela semblait presque tangible à présent. PACO avait l’impression que l’on s’amusait à mettre en scène les plus ésotériques de ses supputations intimes. Si elle arrive tout droit de l’avenir immédiat, elle doit pouvoir donner des éléments d’importance sur l’Histoire, c’est certain. On dirait presque que l’on me tend une perche pour que je joue à deviner l’avenir à travers elle. IRIS, tu es une Sphinge ! Alors qu’a-t-elle dit ?Elle n’est pas branchée, on s’est rencontré à la formation, et puis…

« OKéANOS ? poursuivit PACO à haute voix.

- Nous n’y sommes plus, n’est ce pas ? demanda-t-elle, astucieuse.

- De quoi parles-tu, IRIS ? De mon bureau à TANGER où je formais les colons ?

- J’ignore même votre nom. Mais vous, vous me connaissez, ne m’en déplaise. C’est un enlèvement ou un simple exercice ?

- PACO. Je suis PACO et tu t’appelles IRIS. Je t’héberge depuis plus d’une dizaine de jours car tu ne sais pas qui tu es, tu n’en as aucun souvenir et je n’en sais pas plus. J’aimerais savoir IRIS, si oui ou non tu te souviens de notre rencontre à TANGER ou d’autre chose. J’aimerais le savoir avant de m’affoler pour de bon.

- Notre rencontre, PACO ?… Je… Je suis désolée si j’ai fait quoi que ce soit qui vous aura importuné, ou laissé espérer quoi que ce soit… Je me souviens de vous, vous dis-je, comme mon partenaire au début de notre formation okéanote. TANGER ? C’était le nom de notre team ? Nous avons tellement appris en ces quelques semaines… »

PACO ne la reconnaissait pas. Et pourtant, malgré tout, il connaissait IRIS dans des moments d’intime souffrance où l’ego ne saurait pas tricher. Quelque chose de sa personnalité en perdition sourdait dans son manège de jeune femme responsable à qui on ne la fait pas. Elle était en train de jouer un rôle, et PACO ignorait si le fait d’en être conscient était un atout ou un rouage de la manipulation. Précautionneusement, il prit le parti de la croire folle. Mais ce qu’elle disait le titillait. OKéANOS ? Formation okéanote ? Il devait en apprendre d’avantage.

« Je ne saisis rien à tes propos IRIS. Qu’est-ce qu’OKéANOS ? L’île BETELA ?

- Oui, il est vrai que vu d’ici, à l’étranger, tout cela doit avoir beaucoup moins d’importance que vécu de là-bas. Cela commence à s’entendre, l’île BETELA, comme une vieille plaisanterie, ou le nom éphémère porté sur la maquette d’un monument. Mais… Vous ne vous souvenez donc pas que nous étions tous les deux parmi des milliers en formation à OKéANOS ? Et c’est vous qui m’assurez que je suis amnésique ? Quel jeu jouez-vous, PACO ? »

C’était un peu fort. Allait-on plier PACO aux exigences d’un rôle qu’on aurait répété pour et devant lui ? Amnésique, moi ?

Et pourtant oui. Qu’ai-je mangé hier soir. Et avant-hier midi ? Puis-je m’en souvenir ? Ce verre de jus d’orange que j’ai encore en main, quand me le suis-je versé ? Avais-je acheté des oranges ? Du jus en cube carton ? Une petite amnésie sélective pourrait-on dire, commune à tous. Le constat n’en était que plus raillant sous la terrible intensité de cet instant. PACO, tu t’es laissé piéger ! Tu n’as rien fait que regarder et attendre. Il va te falloir lutter à présent mon petit père !

Elle reprit la parole avant lui. « Partagez-vous ce sentiment que quelque chose vous échappe, PACO ?

- A franchement répondre IRIS, oui. Ce qui m’échappe, c’est toi. Il y a quelques jours encore, tu m’as promis de m’aider à te soigner, à te remettre dans les mains de psychiatres et neurologues. Tu étais effarée, comme une biche aux abois, et tu avais tellement besoin que l’on t’aide… Aujourd’hui, tu sembles aller mieux. Ta mine est franche et reposée, tu ne parais plus troublée par le monde extérieur, et tu tiens des propos que je ne saisis pas tout à fait. Comme si ta nuit de sommeil t’avait emmenée ailleurs pour t’y remodeler l’esprit. Voilà ce qui m’échappe. Je reste persuadé qu’une psychothérapie te serait salutaire. Et des radios, des prises de sang. Si tu ne tiens pas ta promesse, je t’y forcerais sans scrupule, car je crains pour ta vie…

- Il y a combien de jours que je vous ai fait cette promesse ?» lança-t-elle après un court silence, touchée. IRIS sentait le désarroi de PACO. Il était réel. Elle n’était pas sur OKéANOS, et lui, qu’elle avait vu là-bas, ne semblait pas connaître la vie qu’on y menait. Pour PACO, elle était folle. Mais pour elle, c’est lui qui l’était. A preuve en était la mine chiffonnée qu’il arborait après cette innocente question, il y a combien de jours…, énigme à laquelle il semblait bien incapable de répondre. Quid videt que ?

« J’ai faim et soif tout d’abord, PACO. Je peux nous faire du tschaï ou du djouj ? Cela fait un siècle que je n’en ai pas bu… » Elle fit volte-face et s’enquit de la cuisine où elle disparut quelques instants. Sa voix portait par delà la porte ouverte au milieu des bruits de casserole et de robinets. «Vous m’avez raconté votre version des faits, laissez-moi vous dire la mienne ! Mais pas sans déjeuner ! Vous avez des gaufrettes ? »

Manigances ! PACO en était persuadé. Elle prenait de l’élan avant son numéro de « ce qu’il devait s’être officiellement passé. » Un élan à rebours, s’amusa-t-il. Puis une autre idée lui vînt : Si elle me connaît à peine, c’est peut-être qu’à l’avenir nous allons être séparés pour toujours elle et moi, nous ne nous verrons plus à l’avenir qui constitue son passé…Notre dernier / premier contact aura lieu sur l’île BETELA qu’on aura appelée OKéANOS, dans ses centres de formations ; sans doute des stages de vie pratique sur l’île… NAAN ! C’est trop gros ! Manigances et manips’ ! !

Elle revînt avec un petit plateau. Du tschaï parfumé fumait dans deux bols. « Bien PACO. Nous nous sommes trouvés côte à côte au tout début de notre formation…

- Quelle formation ? Pour qui ? Par qui ?

- La Fondation DANSTLINGER je crois. Pour OKéANOS en tous les cas. Et puis pour nous, pour savoir quel emploi nous serait réservé. Je me souviens de vous comme d’un charmant enquiquineur, c’est même ce que vous m’avez dit, qui deviez vouloir me séduire ou échapper à votre solitude. Lorsque les premiers tests nous ont dirigés chacun dans notre voie, nous avons été séparés et je ne vous ai pas revu, me semble-t-il, avant maintenant. Quel a été votre plébiscite ? L’enlèvement au sérail ? Le vin drogué ?

- Tu l’ignores, IRIS ? Tu ignores ce que je suis devenu ensuite ? Tu ne m’avais jamais vu avant ?

- Mais cela semble si important pour vous, PACO ! Que vous ai-je fait ? Vous êtes sans mémoire et je dois vous la faire revenir, c’est cela ? Comme pour les rêves de Reinhardt ? Vous connaissez Reinhardt, PACO ?

- Non. Je ne connais pas de Reinhardt. Désolé IRIS. Et toi, où as-tu été guidée ?

- J’ai choisi l’Onirézo, c’est… c’était facile, je n’ai pratiquement fait que cela de ma vie. Rêver toute éveillée. On apprécie surtout ma richesse de détails, mais on ne garde jamais tout. Reinhardt, lui, est plus doué en matière de tri. Il sait exactement quelles sont les trames qui plairont au Gouverneur et au Champion. Il les débarrasse du superflu, des parasites de l’ego et du vécu, pour les rendre accessibles et instantanément universelles. Qu’en pensez-vous, PACO ? Vous avez déjà oniré, j’espère…

- Non, IRIS, jamais je… De quoi te souviens-tu des heures d’avant maintenant ? Hier soir, qu’as-tu fait ?

- Et vous PACO, qu’avez-vous fait ? »

Le silence fut plus long, le trouble plus grand. IRIS parvenait elle à deviner les craintes intimes de PACO ? Il ne savait dire si elle jouait. Elle sembla d’un coup aussi désappointée que lui. Elle le fixa longtemps, l’œil triste, puis but une gorgée de tschaï. PACO ne se rappelait pas de la veille au soir. Il refusa la panique qui cognait aux portes de sa lucidité. Il reprit : « Que veux-tu dire, IRIS ? Tu ne te rappelles pas d’hier soir ?

- Je ne m’en rappelle pas non plus, insista-t-elle. C’est comme un brouillard, percé d’éclaircies impromptues, de certains moments comme ce matin, ou notre première rencontre, ou les tests de formation. Mais tout comme je peux le deviner pour vous, je n’ai pas souvenir de ma vie quotidienne. Il semble que cela soit le cas de tout le monde, mais que cela n’inquiète que nous deux, et quelques autres… PACO, j’ai besoin de savoir qui vous êtes avant d’en dire d’avantage. Ou alors vous devrez vous contenter des informations de ma puce : Femme Iris LABELDHAM, okéanote et inspiratrice classe 5 pour l’Onirézo. »

C’est absurde, pensa PACO. Elle croit en la fausse identité que je lui ai préparée. Elle a brodé toute une trame autour avec tout ce qu’elle a pu voir. L’île BETELA et des rêves qu’elle a dû faire cette nuit. Elle a vraiment pété les plombs ! Mais hier soir, qu’est-ce que j’ai foutu hier soir ?

PACO entrevit la solution pour inverser les rôles. S’il ne voulait pas être pris pour un fou, il lui fallait lui rappeler la réalité du Monde. Et les grandes fenêtres sur le Monde étaient légion. Si je branche le murécran, elle verra bien où nous en sommes historiquement. L’île n’est qu’un caillou de lave sans vie. Mais ici, chez moi…

« Sortons ! ordonna soudainement PACO. Tu serais encore capable de penser que je triche. »

PACO enfila son blouson et ne prononça plus un mot en l’attendant. IRIS protesta peu et s’habilla avec les vêtements qu’elle trouva. Sa tenue générale était incroyable. IRIS avait mélangé les types de vêtements d’une façon si prompte et audacieuse que le résultat déconcerta même PACO, qui avait du mal à reconnaître ses propres affaires. « Je suis prête, Monsieur PACO. Je vous suis. »

Une galerie marchande ornait l’avenue près de chez lui. Ils n’eurent aucun mal à se figer devant des murécrans en démonstration. Comme depuis ces derniers jours, on avait coupé la musique d’ambiance du grand magasin pour entendre les nouvelles. L’île BETELA, l’expression avait germée d’elle-même, était au centre de tout. Un flash faisait état de l’accident mortel dont avait été victime le sismologue chilien chargé d’étudier les causes de la violente éruption dans le Pacifique. Son rapport avait été détruit dans l’incendie généré par un orditel déficient, mais un membre de l’équipe de recherches avait assuré qu’il les poursuivrait dans leur continuité.

IRIS fixait le murécran, perplexe. En chemin, devant le charme désuet du complexe commercial, elle avait deviné qu’ils étaient en EUROPA. Mais les nouvelles annoncées ne correspondaient pas à ce qu’elle savait de la réalité. On lui avait parlé des rapports tendus d’OKéANOS avec le reste du Monde. Mais dans ce reste du Monde, il semblait qu’on entretenait une ignorance totale de la réalité d’OKéANOS. Elle dévisagea PACO, et lâcha subitement :

« Mais PACO, vous savez que tout cela n’est pas vrai ! ? »

Comment pouvait-il prévoir cette réaction ? Bien sûr, le choc est trop gros. Elle refuserait même l’évidence ! L’un des murécrans diffusa une toute autre nouvelle que PACO prit en cours. « … par un certain mouvement terroriste appelé la Cause Révolutionnariste. » L’oreille de PACO avait réellement sursauté. « Le Sénateur LAZLEM a littéralement explosé dans son véhicule piégé, tôt ce matin. Un disk porté à l’Ambassade d’EUROPA revendique l’attentat au nom de la Cause Révolutionnariste, mouvement qui se dit mondial, sans appartenance politique autre que marxiste. Il semblerait que la méthode employée soit similaire à celle de certains mouvements indépendantistes palestinotes, à savoir que la mise à feu du détonateur s’est faite par satellite. C’est du moins la piste que la Brigade Criminelle de la Commission du Monde Libre déclare suivre. Nous nous quittons avec de formidables images de… 

- Ce n’est pas vrai ! Ce n’est pas possible !

- Vous voyez bien, PACO. Ils mentent, vous le savez, vous étiez avec moi sur OKéANOS !

- Non IRIS, ce n’est pas cela ! Tu n’as pas entendu ? La Cause Révolutionnariste ! Ils n’ont pas pu faire ça !

- OH ! Ta gueule les amoureux ! » éructa un gros monsieur qui voulait suivre son feuilleton. PACO tira IRIS à sa suite. Il acheta sous ses yeux tous les journaux qu’il put. Il les lui fourra dans les bras et la fit rentrer chez lui. Tout cela nerveusement, sans un mot. IRIS, si elle laissait faire, ne perdait pas une occasion de faire respecter à PACO sa dignité. Il alluma le murécran, cala IRIS dans le canapé et alla préparer lui–même le djouj.

Ils n’ont pas pu faire ça ! Griller d’un coup autant d’années de travail ! Dévoiler tout ! Le nom, la cause, l’orientation, les armes ! ! ! Ils n’ont pas pu faire ça ! PACO pensait pouvoir imaginer aisément ce qu’il se passait en son absence à la cellule révolutionnariste ; TEUTEUCH devait suivre les actualités avec l’ardeur d’un homme qui, faisant l’amour, traque quelque mystérieux secret de l’humanité. Bien que détestant les informations de masse, TEUTEUCH était doué pour déloger les noyaux et rouages de la propagande que véhiculait la Commission du Monde Libre, et ne pouvait pas s’empêcher de les décortiquer et les mastiquer comme s’il s’agissait d’un crabe. Son écoute était finalement beaucoup plus active que celle d’un spectateur moyen. TEUTEUCH connaissait par cœur les grilles de programmation de toutes les chaînes d’informations de plusieurs réseaux de satellites, et savait zapper à la seconde près sur un bulletin ou un autre. A l’aide d’une petite console d’orditel, il sélectionnait en direct les images et les remontait ensuite, dans des versions comparées et sous-titrées. TEUTEUCH avait toute la rigueur d’un directeur d’agence de presse - sans l’exclusivité de l’information. PACO savait que TEUTEUCH était un membre important de sa cellule, mais regrettait qu’il n’ait d’autre conscience politique que celle attribuée aux vapeurs des drogues douces. Aussi, sans la praxis et la motivation révolutionnaire de PACO, leur cellule révolutionnariste était devenue certainement la tanière d’une bande d’allumés paranoïaques – leur comportement vis à vis d’IRIS en était une preuve flagrante.

PACO avait toujours pris une position inflexible contre la méthode terroriste. Mais se pouvait-il qu’en son absence la Cause en ait fait son chou gras ? Etait-ce alors la raison pour laquelle lui, PACO, l’un des théoriciens les plus influent de la Cause, avait été écarté ? TANGER et les commissions de TEUTEUCH n’étaient-elles pas déjà une manœuvre d’éloignement ? L’eau du djouj allait bouillir quand on reparla de l’attentat aux infos. PACO bondit dans le salon.

« … Sénateur Stanis LAZLEM, bien connu dans son territoire polandais sous le surnom de Serpent Rouge, demeure une cible bien étrange pour un mouvement révolutionnaire terroriste. Il faut peut-être rapprocher cet attentat à l’engouement porté par LAZLEM au projet de la Ligne Aticale d’aménagement de l’île BETELA...

-… certainement Bert ! Notons que nous ne savons rien des revendications de ce mouvement. La Brigade Criminelle ne nous a livré que peu d’éléments. Nous revoyons ici les dernières images du Sénateur LAZLEM, prises il y a quelques jours à GERMINSTON. Selon les rumeurs, des capitaux auraient, je dis bien auraient, été apportés au soutien du projet BETELA à cette occasion, ou bien pour cette fameuse opération de la dernière chance sur le vétéran MANDLEBROT, Bert ?…

-… oui, Sam ! La Cause Révolutionnariste pourrait donc avoir le projet de contrecarrer le projet de la Ligne Aticale, à qui, rappelons-le, il est désormais possible de verser des dons… » PACO était écœuré. Les camarades s’y prenaient comme des taupes réactionnaires. L’idée initiale, pourtant simple, de PACO les dépassait tous encore. IRIS déclama tout à coup

« Pauvres cloportes

révoltés par la boue,

la roulant en rocher

et lui donnant sa forme

de Montagne de Vérité. »

 

PACO se détourna rapidement du murécran pour vérifier qu’elle n’était pas à nouveau plongée dans une de ses transes de pythie, les yeux révulsés et les membres tétanisés. Mais non. Elle le fixait, et son air était troublé. Elle semblait toujours suivre les méandres de ses pensées.

« PACO…que… que se passe-t-il ? Ils ne cachent pas l’île, c’est plutôt comme s’ils ne savaient pas encore !

- C’est exactement cela, IRIS. Personne ne sait encore. Personne d’autre que toi. »

PACO avait pris le parti de la faire soigner. Il fit un immense effort d’abstraction pour oublier momentanément ses camarades de lutte. IRIS voyait peut-être l’avenir, mais cela la détruirait. Il le savait puisqu’il l’avait recueillie détruite. Il lui rapporta ensuite calmement ce qu’il pouvait lui dévoiler de la Cause Révolutionnariste, son appartenance et ses positions politiques ; mais surtout PACO fit part à IRIS de son intuition fantasque, celle de croire qu’elle vivait à rebours entre les pans gris d’un quotidien sans éveil.

Cette idée parla à IRIS, parla au plus profond d’elle-même. C’était de l’ordre de la condition de survie. Les mouvements profond de son âme développèrent des remous. En surface, rien n’était plus si simple. IRIS savait qu’elle savait, mais elle ne savait plus quoi. Le conapt de PACO lui parut d’un coup plus familier, comme si elle y retrouvait de vieilles habitudes.

Elle regarda PACO intensément, l’air défiant. Un air que PACO ne lui avait pas encore vu ce matin-là. L’air de la joute, jeu où il fallait tour à tour citer et deviner les grands littérateurs, et auquel ils s’amusaient pour passer le temps. Mais IRIS ne semblait pas encore le savoir. Elle se permit toutefois un avis, en le tutoyant enfin.

« Tu sais… pour tes camarades de lutte, PACO… Qu’il t’aient évincé est la meilleure chose qu’il puisse t’être arrivé… Ne crois-tu pas qu’ils sont aussi manœuvrables, sinon plus, que nous deux, isolés que nous sommes de leur comportement collectif et fanatique ?

- Non IRIS. Tu te trompes. Ce ne sont pas des fanatiques. La Révolution est une affaire de conviction, pas d’endoctrinement. Mais oui, c’est vrai, cette île resplendit de toutes les promesses d’un Monde Nouveau, mais suinte tout autant des menaces et des enjeux politiques qui se pressent autour de toute terre convoitée. J’imagine que TEUTEUCH a tout enregistré, et que les BIGELOW ont organisé une réunion de délibération critique. Ils auront remarqué comme nous que les commentaires sont unanimes, exceptés quelques avis indignés ridiculement réactionnaires, ce qui leur aura chauffé les sangs…

« Les briseurs de machins » souligna IRIS, sur le ton de leur jeu particulier.

- Les bottes de métal, John PARIS. » répliqua PACO du tac au tac comme l’exigeaient leurs règles tacites. Le jeu naissait-il ou était-ce une résurgence ? S’en souvenait-elle enfin ? « Oui, IRIS. C’est exactement cela. Les briseurs de machin, tous ces magnats d’empires financiers jaloux de la chance du Député BETELA. Je m’étonne qu’on ne nous parle pas de KOULADYB. J’espère cependant que les révolutionnaristes n’entreront pas dans le camps des briseurs de machins. Les peuples misent trop d’espoir en cette terre nouvelle ; nous ne pouvons pas l’ignorer. Nier l’apport tant économique que politique, voire philosophique d’OKéANOS, comme tu l’appelles, c’est refuser d’entrer dans le Vingt et Unième Siècle. IRIS, répond moi sincèrement ; resteras-tu avec moi sur l’île BETELA ?

- Comment cela PACO ? Tu veux dire rentrer sur OKéANOS ?

- Si tu veux. Aller sur OKéANOS est ma seule chance de regagner ma place au sein du Mouvement Révolutionnariste, et de m’assurer qu’ils n’y briseront pas les machins. Nous n’avons aucun moyen de financer une quelconque infrastructure, surtout gigantesque comme celle requise ici. Nous, révolutionnaristes, devons les aider à s’installer, pour y prendre place avant de nous en assurer le contrôle. Voilà quel type de coup d’État je souhaite, au nom de la Cause !

- PACO, calme-toi ! Le djouj est prêt.»

 

Quelques heures passèrent. PACO s’était calmé, et attendait avec IRIS la consultation chez le psychiatre THORSON, choisi au hasard sur orditel. Avec PACO, ils s’étaient mis d’accord sur l’amnésie comme pathologie à invoquer. De fait, IRIS n’était plus si sûre d’elle. Un grand homme brun les fit bientôt entrer dans son cabinet et écouta avec intérêt les rapports entrecroisés d’IRIS et de PACO. Après avoir prescrit pour la forme une radio du crâne et une prise de sang, il sembla prendre son élan et proposa d’un air audacieux l’utilisation pertinente d’un appareil CBI quasi expérimental. THORSON en avait fait l’acquisition juste avant que les industries GII-FARBEN n’en récupère le brevet. C’était un modèle rare, hautement performant, et sans danger. Après qu’elle eut manifesté son accord, il installa IRIS dans une petite chambre close, l’assis dans un fauteuil cliniquement conformtable, lui plaqua les poignets et y fixa des diodes, ainsi qu’un peu partout sur les épaules, le front et le crâne qu’elle avait large. Par la porte, PACO lui fit un clin d'œil qu’elle lui rendit. THORSON souriait et murmurait une joyeuse mélopée. Puis il ferma la porte et s’installa près de PACO.

A travers le petit vasistas, IRIS vit les doigts de THORSON tripoter le contacteur de la machine sur la table. Les doigts tournèrent quelque chose et avec force. Il y eut un déclic et un bourdonnement. IRIS s’était tendue pour résister au flux d’énergie, mais il n’y en avait point. Rien ne se produisit. Le regard vide, elle examina la machine CBI, qui ronflait et palpitait. Comme beaucoup d’autres, elle avait ses microprocesseurs spéciaux. Etaient-ils employés à contrôler la vitesse de moteurs invisibles, à amplifier quelque résonance profonde de son corps, à convertir une énergie, ou à chronométrer les modifications d’un processus indécelable, ou à l’une quelconque d’une centaine d’autres activités, impossible à IRIS de le dire. Des témoins brillaient d’un éclat vif au fond de trous pratiqués dans le boîtier de plastique arrondi. D’autres, elle le savait depuis sa formation, trop sensibles pour qu’on les expose à des facteurs aussi violents que la température normale et la clarté d’une pièce, devaient être cachés au fond de leur petite enveloppes de résine, et seule une fraction infinitésimale de leur corps à la douceur de verre était reliée à l’extérieur. Cela lui faisait mal aux yeux de les fixer. Elle clignait et des larmes lui brouillèrent la vue. Avec un effort, IRIS réussit à regarder autre chose que la table et les machines. Le mouvement devait avoir été trop vif pour ses nerfs crispés. Quelque chose résonna dans son crâne et un violent mal de tête surgit. Elle se rendit compte en un sursaut que c’était là l’effet de la machine. Ce fut comme si elle plongeait au fond d’un bassin. On eut dit qu’une violente pression s’exerçait sur elle de tous les côtés, de l’intérieur compris. Comme de très loin, elle entendit la voix calme de THORSON faire son cours à PACO :

« Ceci est une machine CBI, fort intéressante. Elle fabrique un genre d’énergie nerveuse. Cette énergie est absorbée par la douzaine d’électrodes que j’ai placée sur la tête et les épaules de votre amie, et se répand également le long des circuits nerveux préexistants dans son corps. En elle-même, elle ne crée pas de nouveaux circuits. Il faut se la représenter comme une poussée qui s’écarte instantanément des plus petits obstacles. Elle évite les difficultés qui diffèrent d’environ un pour cent de leur valeur normale. C’est au plus haut point une de ces sortes d’énergies qui suivent les chemins de moindre résistance. »

 

C’était dur de penser avec le son de cette voix, le son qu'elle aimait, dans le Square du Jardin des Bégonias près de l'aéroport de BAIRLINE. Les contacts pris pour son camarade s'en chargeraient. Les coulisses d'un défi. Les patients. Les quoi ? Les victimes ! Leur passage du Monde Pacifié au Monde Libre s’est fait sans encombre, durant l'heure rouge ! La conscience d’Iris ne pouvait formuler une pensée complète, logique de consommation de temps informatif oblige, appel extérieur de l'Université Clinique de HOUBLON vers l’Union Républicaine des Balkans. Ma peur ? ma foi non, ma santé mentale maintenant devenue officielle n'est pas en jeu ! Jeunes femmes en blouse désappointées, journalistes , mangez moutons canailles sottes espèces ! M'EN FOUS ! Elle se raidit contre le pouvoir de brouillage de cette voix intérieure et contre l’énergie qui la pénétrait. Rien ne lui venait que des lambeaux d’idées et la voix de THORSON. Merci PACO Merci modèle Betty Bomp mon Dieu mon mari Monsieur HOWLAND écrit de la poésie MOREAU mort Mouais n'ayez crainte ne craignez rien ne faites pas cela ne pourrait le nier ne vous excusez pas non non non non non nous avons terminé nous devons y aller

« La caractéristique médicalement intéressante de ce flot artificiel d’énergie nerveuse est qu’on peut le visualiser…»

Nous garderons un contact radio constant nul soldat n'était autorisé à se défaire de sa combinaison Oh Docteur Oh on vous a amené ici il y a plusieurs jours maintenant opération ou neuroleptiques où était inscrit en lettres rouges HATE Ouais Ouais Oui IRIS Oui Oui Oui Oui

« Dans quelques instants, dès que l’action de l’énergie artificielle se sera faite sentir sur les circuits nerveux les plus éloignés, j’obtiendrait sur cet écran des épreuves. En les agrandissant par fragments, elles nous indiqueront en quelle partie de son cerveau sa mémoire est localisée. »

Parfait pas trop passage obligé dans les bureaux pour tout excès de zèle personnalisé du fait de vestiges de capsules au curare dans les prémolaires peut-être plus profond et quasiment plat plus profond plusieurs poésies mon Prince pour autant qu'il en reste de réticents pour dossier sur Hyt KOULADYB prenez celui-ci près de cinq heures privées étaient en voie d'être toutes répertoriées quel mot de passe quelque chose de tacite dans ses yeux bleus de danoise le lui faisait comprendre qui aurait vécu les événements de cette époque qui hurlait le nom de CANIBAEL roman sans profession sauf une ? ses liens avec rien du tout ses songes chéris et à présent disparus similaires à celle qui m'apparut en songe une nuit d'automne Sir BLANDERDASH sombre élément innommable toujours écarté des voies de l'Harmonie sphéroïde 01 paré Sud Afrika sur cette toile exposée là sur et certain sûr que tu sais c’que tu fais sûr

« Mais le plus formidable avec cet appareillage CBI, c’est que nous connaîtront aussi la nature des souvenirs emmagasinés dans chaque groupe de cellules. Nous pourront alors choisir en quel endroit nous concentrerons les pressions qui contraindront le souvenir particulier qui nous intéresse à se formuler verbalement. »

suspendue t’es perdue tout a fait tout a très bien marché tout ce que je puis dire tout ce que vous voudrez tout comme de l'amour tu te goures tu vas la taire tu vas pas t'en sortir si tu fermes pas ta sale gueule tu viens pas de t’en sortir un hymne à la Liberté une Bibliothèque Mondiale une minute vaguement Monsieur SEMPRIAQ viens IRIS

« Une utilisation ultérieure de cette machine avec une puissance supérieure et combinée avec un formule systématique complexe d’associations verbales, réalisera effectivement l’opération. » Il ferma la machine et activa un écran près de lui. « Vous voyez, Monsieur, lança-t-il à PACO, voici un schéma des principales aires de mémoire de votre amie. Bien sûr, un tas de petits neurotransmetteurs sont encore cachés dans d’autres recoins. Nous pouvons, si vous le désirez, entendre une simulation des aires traversées par l’influx et lues par la machine CBI. Vous allez voir, c’est savoureux, même si cela n’a pas grand sens… »

THORSON fit tourner une petite molette située sur la mécanique de son pupitre électronique. PACO perçut très vite une voix informatée débiter des mots les uns à la suite des autres, sans aucune intonation ni inflexion. Il avait du mal à croire que cela constituait les pensées d’IRIS.

Je vais bien j’attends une réponse vieux cochon all that we see or seen, is that a dream within a dream ? Edgar Allan Poe - (La joute, pensa PACO. Elle joue à la joute…) - somnifère léger je demandais à la femme qui elle était elle désirait partir sans prendre de repos avec une équipe de recherches de la Marine Chilienne elle devait être gigantesque envoyée par un agent européen de plus en plus petite dans l'œil du Député BETELA elle émane du tableau

PACO était désarçonné tant par les progrès techniques de la psychiatrie que par la logorhée sans signification d’IRIS.

j'aurais juste besoin de quoi écrire je suis amnésique elle est difficile parce qu'elle est longue, elle est venue me voir, elle était devenue progressivement plus douce et aimable. j’ai commencé à parler dans mon sommeil un peu en contrebas, typique du personnage violente convulsion selon un angle quasi impossible interrompre la bande, lâcher la rambarde désigner du doigt un retour du traditionalisme musulman, je le regardais intensément, d'autant plus insupportable et souris de façon radieuse et épanouie elle l'aide pour les rimes.

IRIS sentait par contre qu’un voile épais se dressait entre son moi et le reste de sa psyché. Les choses qu’elles s’entendait penser perdait toute signification l’instant d’après, et elle restait incapable de fixer ne serait ce qu’une impression.

Elle me rappelle la castration du Principe Elémentaire, escale à Cuba même pas humaine pas de famille pas de passé ne parle pas, ne se rappelle de rien des heures qui avaient précédées, ne se rappelle de rien reconnaître PACO elle n'existe pas elle ouvrit grand les yeux le puits de l'abîme la voix douce et mielleuse de l'avocat réfractée par une surface liquide parle à l'envers et voit le passé comme une prémonition passerait même pas à un contrôle de routine le laisser couler en paix ton accusateur répondre aux questions de ses coéquipiers lier connaissance psalmodier reprendre le dessus, la seule à vouloir entreprendre des affaires avec ceux de sa race lyrisme incarné de Jaroslav disparaître elle ne savait plus qui elle était, elle se rendormit ensuite, se tenait assise devant l'appareil, là, elle sembla ne pas le croire, dilemme intérieur de PACO

Il se passait quelque chose de grave, elle le sentait, mais quoi ? Elle devînt lasse et sans envie. Elle eut encore préféré perdre conscience.

Elle s'isolait petite chambre d'amis PACO un drapeau roulé sur un mat un encensoir d'or le dictaphone elles me sont inspirées, prennent vie dans l’imagination, elles s'appellent toutes Betty, toutes Betty, elles se jettent directement sur la Terre, elles sont prêtes, émergeant à la lumière

 

« Je crois que cela suffit. » avait annoncé THORSON. Il entrouvrit la porte de la petite cabine où il avait laissé IRIS. Celle-ci leva les bras pour cacher ses yeux de la lumière soudain revenue. THORSON défit le réseau de diodes et PACO l’aida à se relever. Elle tremblait. Ses lèvres s’agitaient comme si elle désirait parler. THORSON l’aida à se calmer et lui tendit un verre d’eau qu’elle but avidement.

En quelques instants, PACO comprit ce qu’il lui arrivait. Il la retrouvait telle qu’il l’avait toujours connue : troublée, apeurée, craintive, sans cesse basculant vers un état second, épileptique.

Pendant que PACO cherchait à faire parler la jeune femme, le psychiatre THORSON se préparait à tirer au clair les schémas que son imprimante allait lui livrer. « Mais ! » fit-il, incrédule. Plutôt que les tableaux et les rapports CBI escomptés, la machine émit un sifflement, puis ils furent tous soudainement plongés dans le noir. « Que se passe-t-il, Docteur THORSON ? s’inquiéta PACO.

- Un plomb a dû sauter. Nous allons voir ça. Je suis pour l’instant incapable de diagnostiquer le cas de votre amie.» A l’aide d’une torche électrique, THORSON avait découvert que sa superbe machine CBI était irrémédiablement grillée. Le psychiatre semblait fou de douleur, et chassa IRIS et PACO sans plus d’explications et de façon fort cavalière.

 

Lorsqu’ils furent rentrés chez PACO, IRIS n’avait toujours pas prononcé un mot. Ses yeux restaient dans le vague et elle se laissa mener au lit, où PACO l’installa pour la nuit. Il n’avait pour sa part plus sommeil. Trop de choses s’étaient passées aujourd’hui. Et autre chose semblait faire obstacle à la guérison d’IRIS. De retour sur le balcon, il médita longuement la situation. L’évidence prit forme en quelques dizaines de minutes. Sa responsabilité était terrible. Plus encore son incompétence. Inévitablement, la machine CBI n’avait pas pu prendre en compte la particularité temporelle d’IRIS. Et plutôt que de lui rendre la mémoire, elle avait tout emporté…

 

 

Quelques semaines plus tard, c’est l'océan qui les emporta tous les deux …

 

 

PACO / IRIS

Leurs EPISODIES

Première partie : Racines au pouvoir

2. Visitations

Episode 02

Episode 03

Episode 04

Episode 05

Deuxième partie : Le Volcan dans l'Océan

5.Initiations

Episode 16

6. Manipulations

Episode 26

 

OKéANOS

FIN DU PREMIER VOLUME

 

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